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Onceuponahappytime
14 juillet 2016

Embrasser son côté masculin. (article un peu long mais t'as le temps, c'est férié.)

L'autre jour dans l'Amour Est Dans le Pré, ce merveilleux laboratoire d'études sociologiques, un des candidats lors de l'ouverture de son courrier a éliminé une prétendante en voyant sa photo, sous prétexte qu'elle avait les cheveux courts et qu'elle n'était pas assez féminine. Exit la prétendante pas féminine aux cheveux courts. (Point de départ n1 de cette réflexion.)

La dernière fois que je suis allée chez ma gynéco on parlait préménopause en fumant des clopes et elle me disait que kouasiment toutes les femmes se masculinisaient à cause du changement hormonal. Et là en l'occurence ça voulait pas dire que toutes les femmes ménopausées se coupaient les cheveux (quoique...) mais qu'elles devenaient plus rectangulaires, la taille moins fine, bref, que leur silhouette ressemblait un peu plus à celle d'un homme. (Point de départ n 2)

J'aime de plus en plus m'interroger sur tous ces trucs de genre et leur impact sociologique et psychologique. Ce qu'on nous colle dans le crâne, à nous les femmes, depuis qu'on est toutes petites. J'en parle souvent sur ce blog (tu trouveras tout ça dans la rubrique "my body my rules" à ta droite), et plus ça va, plus je me rends compte qu'on nous bassine avec la féminité pendant toute notre vie pour une seule et simple raison: nous limiter, nous contenir, nous empêcher d'être libres. Parce qu'on dira ce qu'on voudra, dans notre société, en 2016, une femme libre, olala ça fait peur.

La féminité, j'en ai déjà parlé ici:

http://www.merryandbright.fr/archives/2015/07/30/32422812.html

et je ne voudrais pas me répéter, mais en gros, quand on y réfléchit, tout ce qui est censé nous rendre féminines ne fait que nous diminuer. Les fringues pas pratiques, les chaussures à talons, la discrétion, les minauderies, le fait de ne jamais devoir paraître trop intelligente pour ne pas être castratrices, bref, tout ça (et j'en oublie) nous rabaisse et nous maintient dans une position inférieure. Dit comme ça, ça fait vachement envie, hein, la féminité?

Et pourtant les femmes (en tous cas, une majorité de femmes) ont tellement peur de ne pas être aimées, de ne pas être désirées, qu'elles préfèrent souvent se mettre en sourdine et jouer les petites choses fragiles et délicates, et accessoirement dépendantes (des hommes mais pas que.)

Personnellement j'ai ce qu'on appelle une "apparence féminine". J'ai beau m'habiller cool et porter des baskets (et dire plein de gros mots et rigoler très fort) rien à faire, comme je le disais l'autre jour, les mecs me draguent et s'imaginent que je vais être en admiration devant eux, puisque je suis une femme. (ce qui est vraiment TRES mal me connaître ;) 

En fait, comme le disait Virginie Despentes dans King Kong Théorie, tout ce qui est marrant dans la vie est masculin, ou en tous cas, pas politiquement correct pour des filles. Boire, draguer, dire à une femme qu'elle nous plait, conduire vite, faire des sports un peu violents, dire des gros mots, faire des blagues salaces, mettre de la musique à fond et sauter dans tous les sens en chantant comme une punk, s'asseoir en prenant de la place et pas juste avec une demi-fesse posée sur la chaise, tout ce qui nous donne une impression de liberté, de pouvoir, de maîtrise, d'occupation de l'espace, ça devrait donc être réservé aux mecs?

Plus j'avance dans ma vie et plus je m'affranchis de tout ça. Et pourtant moi aussi j'ai été éduquée à mort dans ce sens... avec des tonnes de "ça ne se fait pas ", des "tu ne trouveras jamais personne si tu continues à..." des "personne ne voudra de toi avec ton caractère", bref, crois-moi, j'en ai mangé jusqu'à plus faim des phrases limitatives et sclérosantes. Il se trouve au passage que je n'ai jamais attendu que quelqu'un "veuille de moi", je ne suis pas un chien en attente d'adoption, dans ma vie amoureuse, c'est toujours moi qui ai fait le premier pas, quite à me prendre des râteaux de compétition, by the way (mais je ne regrette rien parce que j'ai toujours suivi mon instinct, et pour moi c'est l'essentiel.) Encore une attitude masculine, ça, d'aller dire à une personne qu'elle nous plait et qu'on a envie d'elle... Une fille, une vraie, elle attend passivement dans son donjon qu'on vienne la séduire et la cueillir comme une rose dans son jardin ;) (je grossis un peu le trait, t'auras remarqué mais globalement c'est vraiment ce qui est le plus courant...) Et dans les couples de filles c'est pareil, les gens vont toujours chercher laquelle des deux est la plus masculine, parce que c'est trop perturbant pour eux d'imaginer autre chose que cet éternel fonctionnement binaire masculin/féminin... (parce qu'on a toujours fonctionné comme ça et qu'évoluer et remettre des vieux schémas en cause, ça fait peur...) Or comment peut-on avancer dans la vie si à un moment on ne comprend pas qu'il faut passer à un autre niveau?

Il y a aussi une chose qui me choque, c'est quand on dit d'une femme qu'elle est hommasse (entendu trèèès souvent, surtout pour des lesbiennes,..) Hommasse ça veut dire quoi, d'abord, qu'elle est costaud, grande, qu'elle a les épaules larges, des cheveux courts, une voix grave, qu'elle met un bermuda au lieu d'une jupe, qu'elle ne marche pas sur la pointe des pieds en tortillant des fesses, qu'elle occupe l'espace auquel elle a droit, qu'elle parle/rit fort, qu'elle ne joue pas les idiotes effarouchées, qu'elle a de l'autorité, qu'elle agit, qu'elle en impose? Ben si c'est ça une femme hommasse, moi je kiffe!  Et au-delà de ce que ce qualificatif a de légèrement dépréciateur, quand même, c'est pas vachement bien, une femme qui a le courage de sortir du rôle stéréotypé qu'on lui a collé sur le front à la naissance? 

Et puis, grande taille + épaules un peu larges c'est forcément masculin? Toi qui me connais (ouaaah la chaaance), tu me qualifierais d'hommasse? Et pourtant t'as vu mes épaules?

P1190283 

(Envergure: 18m, orozement je fais pas la natation aquatique, hein!). Une femme peut être grande et n'avoir pas forcément une carrure toute frêle. Toutes les femmes d'1m75 ou plus ne sont pas forcément des grandes asperges à la silhouette de top model qui rentrent dans un 34.

Je trouve les femmes "masculines" (argh, il faudrait tellement trouver un autre mot... les anglais disent "butch", mais là encore c'est en opposition à "fem", on n'en sort pas, du binaire...) bref, je les trouve de plus en plus attirantes et c'est pas du tout parce qu'elles me font penser à des mecs! (j'ai consommé du mâle lors d'une courte période de ma vie, je sais encore faire la différence...) J'aime et j'admire ces femmes parce qu'elles se sont libérées (délivrées) du poids des stéréotypes culturels, parce qu'elles osent, parce qu'en prenant le pouvoir elles inversent la balance. Parce qu'elles sont fortes, pleinement femmes (et pas créatures diminuées et posées là pour mettre en valeur le seul genre digne d'exister à 100% de ses capacités...) et surtout qu'elles dégagent une énergie tellement puissante! Après c'est une question de goûts et c'est donc très personnel mais je n'ai jamais été attirée par des femmes "féminines" aux allures de petites poupées ou de petites choses fragiles et délicates. J'aime les femmes qui ont du corps, de la densité, une présence physique, du charisme, les femmes qui ne sont pas dans le contrôle permanent de leur image... (#butchs je vous aime :)

Alors se masculiniser, a priori, c'était un truc qui me faisait pas envie. Sauf si on l'envisage comme ce que ça sous-entend vraiment: une prise de pouvoir et de liberté. Le pouvoir et la liberté de décider quoi faire ou pas de son corps, de prendre de l'assurance, de grandir, de s'imposer, de refuser les diktats et les injonctions des médias et d'une culture qui a fait son temps. D'arrêter de s'excuser d'être là. D'arrêter de jouer les fillettes impressionnables et fragiles. Faut arrêter avec la fragilité des filles, tout le monde a le droit à la fragilité, utérus ou pas. Et si se "masculiniser" c'était justement oser devenir pleinement une femme (et cette phrase elle est quand même vachement rigolote) dans toute sa puissance, sa force et sa beauté? Une femme qui ne se laisse pas impressionner, une femme qui sait ce qu'elle veut et qui le fait. Parce qu'on peut tout faire, tout vouloir, tout avoir. Il n'y a pas la moindre raison de croire le contraire.

Alors voilà, si c'est ça ce qui m'attend dans les années à venir, ça devrait être plutôt cool. Du haut de mon mètre soixante-quinze, après avoir embrassé mon côté masculin (smack!) je prendrai peut-être des épaules, je me couperai peut-être (sûrement) les cheveux mais j'aurai de plus en plus confiance en moi, en mes capacités, en ma légitimité, et j'espère bien que je deviendrai une goudou géante à lunettes totalement badass et charismatique à mort.

En tous cas c'est tout le mal que je me souhaite.

Et bien sûr si tu veux réagir à cet article, fais-toi (moi/nous) plaisir. 

 

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Commentaires
M
Rien à ajouter, du haut de mes nombreux balais... Laquelle de nous n'est pas passée par là ? Mais avoir trouvé la bonne route et ne pas regarder en arrière, moi je dis une fois de plus BRAVO VAVA, exemple à suivre, accolade, bisou et applaudissements 😀!
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G
Et alors qu'est-ce qu'elles ont tes épaules ? elles sont belles tes épaules ! à certains moments de la vie, vaut mieux avoir les épaules larges et solides, n'est-ce pas !
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Onceuponahappytime
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