Anne Marie.

Anne Marie Darling.

On se connait depuis si longtemps toi et moi. Quand je t'ai rencontrée tu étais ma prof de traduction anglaise à la fac. J'adorais tes cours. Tu sortais tellement du lot avec ton humour et ton côté loufoque. J'ai adoré cet humour, ta culture, ton intelligence, ton féminisme énervé et ton franc-parler. On est vite devenues très amies, et on a tellement ri ensemble. Tellement parlé. Tellement partagé. Les tasses de thé, les verres de vin, les fous-rires, les bonnes bouffes, les livres en anglais, les mots et la musique.

Tu aimais follement les mots et la musique. Beethoven, dont tu disais être la réincarnation. Chopin, dont le CD était près de toi dans ta chambre d'hôpital ces derniers jours. Poétesse, traductrice, chanteuse, amoureuse de la nature et des voyages, pendant ton voyage en Chine tu avais créé un blog, que tu signais Marcopolette, comme tu signais tes messages ici, quand tu pouvais encore écrire.

J'ai eu la chance d'être ton amie pendant si longtemps. J'ai eu la chance de pouvoir te dire au revoir dimanche soir, de tenir ta main, tu me serrais fort, d'embrasser ton front, tu me regardais fort, de te dire un dernier merci et un dernier je t'aime. Je suis partie avec ton "moi aussi". Je suis partie avec mon immense chagrin, ton regard doux et ta main dans la mienne. 

Tu es partie hier, au moment où je lisais à mes élèves une histoire de nouvel an chinois, de lanternes rouges et de lumières dans la nuit.

Je suis allée tôt ce matin acheter un énorme bouquet de tulipes blanches pour toi. Puis te retrouver un peu dans le parc de la Citadelle où tu aimais tant te promener. Au bord du lac gelé, le silence, les arbres et les oiseaux.

Pour l'instant c'est encore le temps des larmes mais le printemps reviendra et j'aurai bientôt envie de sourire.

Bon voyage Anne Marie Darling, je pense à toi, le coeur en mille mercis.

Si les morts nous voient
ils sourient entre eux
un doigt sur les lèvres
(puisque nous dormons)

Si les morts nous voient
se souviennent-ils
de leurs larmes blanches
et du désamour

Ou regrettent-ils
d'être bienheureux
en voyant nos yeux
changer de couleur

Se souviennent-ils
d'avoir tant cherché
d'avoir eu si peur
de ce qu'ils trouvaient

D'avoir eu si peur
si peur de l'amour
l'amour qui prend corps
craint de se méprendre

Béats éternels
aimés pour toujours
si les morts nous voient
(vous aussi, Monsieur)

Nous pardonnent-ils
de leur préférer
en pensant au ciel
la terreur de vivre?

Anne-Marie. Aimée pour toujours.

Comments

[graind'sel]

Oh Marcopolette ! comme je suis triste … fais bon voyage !

Courage à toi Vava ! bisous !