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Onceuponahappytime
7 juillet 2015

De la fierté. (Article de fond, je te conseille d'aller faire pipi maintenant.)

Récemment il s'est passé un truc dans ma tête. (Déjà, ça, en soi, c'est puissant).

Il y a une quinzaine de jours je me suis inscrite au marathon de Strasbourg qui aura lieu fin octobre. (J'ai pris la décision de le faire le jour où le radiologue m'a fait flipper avec son discours à la con après mon IRM du cerveau. Genre on sait pas combien de temps il me reste à vivre, si je le fais pas maintenant je le ferai jamais...)  Finir un marathon est une chose dont je rêvais depuis longtemps tout en me disant que c'était un truc de malade (ce qui est le cas), un gros défi qui nécessite un entraînement et une préparation de ouf pendant 3 mois. Gros investissement de temps et d'énergie, à mener de front avec un boulot à plein temps et la rentrée scolaire de septembre, qui est toujours un moment éprouvant. Je me suis inscrite, donc, et deux jours après j'ai changé d'avis. J'ai changé d'avis parce que mon entraînement intensif n'avait même pas commencé que j'étais déjà entrain de stresser. Oui mais si j'ai une migraine un jour où je dois faire 20 kms? Oui mais si je n'arrive pas à faire ma sortie longue de la semaine le mercredi en sortant du boulot? Oui mais si y'a canicule cet été je fais quoi? Oui mais si j'ai mes règles le jour du marathon (ce qui allait visiblement être le cas...) je fais comment pour courir sans me changer pendant plus de 4h? Etc etc. Du stress du stress du stress. Tout ça pour quoi? Pour me dire "je suis marathonienne". Pour me dire "je suis capable de faire ce truc de malade". Quitte à me dégoûter complètement de la course à force d'entraînement à gogo et flinguer mon corps et mes articulations (de personne âgée.)

Et puis j'ai réfléchi, réfléchi à cette blessure d'égo à laquelle tout ça correspond. Ce besoin que j'ai toujours eu de prouver que je vaux quelque chose, que je ne suis pas nulle, que j'ai de la valeur, ce besoin de me frotter à mes limites pour les dépasser.  Et là je me suis mise à rigoler en me disant "serioulsy??" (je parle souvent en anglais aux gens qui sont dans ma tête...) Et tu sais pourquoi j'ai rigolé avec les gens de ma tête? Parce que j'ai réalisé que tout ça, je n'en avais plus besoin. Que je m'en foutais royalement, même. Que peut-être, grâce à tout le travail entrepris cette année notamment en méditation, j'avais réussi à me libérer de cette manie de devoir tout le temps me comparer, me positionner par rapport aux autres. Les meilleurs, les moins bons. Que maintenant, je n'ai plus rien à prouver, ni à moi ni aux autres. Que je n'ai plus envie d'être dans cet esprit de compétition, qui ne me correspond pas du tout. 

D'un coup tout ça m'a semblé parfaitement dérisoire. Est-ce que j'étais prête à me mettre la pression pendant 3 mois, à tout organiser en fonction de mes entraînements, à faire peser ça sur ma vie de couple juste pour me dire "je suis marathonienne"? De toute évidence, non.

Et à partir du moment où j'ai entendu ce "non" dans ma tête, je me suis sentie soulagée. Comme si d'un coup j'avais fait la paix avec cette partie de moi qui est encore parfois flippée, insécure, incertaine. Celle qui doute et qui a besoin de chercher ailleurs des raisons d'être rassurée. Maintenant je suis capable de trouver ça en moi, je n'ai pas besoin de courir 42 bornes pour savoir que j'ai de la valeur. Ma valeur, je la sens quand je vis une expérience forte en méditation, quand je me sens vibrer, rayonner. Ma valeur je la sens quand j'ai été gentille avec quelqu'un, quand j'ai fait plaisir, quand quelqu'un me quitte en ayant le sourire. Quand je me sens apaisée, calme, quand je suis capable d'être juste là, présente, connectée, en harmonie avec ce qui m'entoure. C'est là que je suis au top. Toutes catégories confondues.

Ma valeur est là. Et si moi je suis capable de la voir, d'en être consciente, je n'ai plus besoin de tous ces défis, ces challenges avec moi-même. 

Cette année de méditation m'a appris la bienveillance envers moi même. Dans tous les domaines. Arrêter de me mettre la pression. Physiquement. Intellectuellement. Sportivement. J'ai appris à ouvrir mes bras et à m'y accueillir entièrement. Avec mes défauts et mes qualités. Et ça fait tellement de bien!

A force d'avoir essayé de convaincre toute l'année mes collègues de boulot de la nécessité absolue d'apprendre à s'aimer (collègues qui sont tout le temps en train de dire qu'elles ne sont pas comme elles voudraient, qu'elles se trouvent trop grosses, trop ceci, trop cela)..il semblerait que j'aie enfin réussi à m'appliquer mes grands discours... 

Alors voilà, je ne serai probablement jamais marathonienne, mais ce renoncement a ouvert la porte à une pratique de course bienveillante. Maintenant je cours sans chrono, sans pression, en essayant simplement d'être présente. Connectée. A l'écoute. Des bruits autour de moi, du vent, des oiseaux, de mon souffle. Si j'ai envie de ralentir je ralentis. Sans culpabiliser parce que ça fait baisser mon chrono. Je veux être une coureuse joyeuse, pas cassée de partout et pliée en deux. Une coureuse qui se fait du bien, pas du mal.

Voilà, j'avais envie de parler de ça aujourd'hui parce que c'est une victoire sur mon stress et mon anxiété. J'ai toujours eu à coeur de faire de ce blog un endroit où on pourrait venir chercher du réconfort quand on en manque, des conneries qui font rigoler, des petits trucs pour être mieux dans sa vie. Dit comme ça ça fait prétentieux mais tu vois ce que je veux dire. Positive vibes. Ce qui m'a vraiment le plus sauté aux yeux cette année, c'est justement ce manque généralisé de bienveillance. Envers soi-même avant tout, puisque c'est là que tout commence.

Mon objectif (réalisable, celui-là...) cet été c'est continuer ça. La bienveillance. Être indulgente lorsque je ne suis pas parfaite (je te jure ça arrive...) Et surtout, respirer, prendre le temps, prendre du recul, me regarder avec tendresse et continuer à me taper des bonnes tranches de rigolade avec les gens de ma tête qui ne demandent que ça (avec un petit verre de vin rouge plein de glaçons.)

Je vous embrasse (sans la langue, fait trop chaud.)

 

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Commentaires
P
Bravo....c'est une bonne analyse...!<br /> <br /> On oublie tellement souvent d'être bienveillant avec soi-même (moi tous les jours je me fiche une piqûre de rappel!!!)<br /> <br /> Et pas sûre que ceux qui sont dans la performance fassent nécessairement cette analyse aussi pointue. Moi je trouve ça empreint d'une immense sagesse: avoir le courage de se faire face pour comprendre ce qui nous pousse à faire ce que l'on fait.<br /> <br /> Bises !
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V
merci pour ton petit mot, des bisous rafraîchis!
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M
Tes articulations et tes nerfs te disent merci ! Courir sans objectif et sans chrono c'est le bonheur :) <br /> <br /> Et concernant le fond de l'article, tout pareil que les autres, bravo !!
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V
tu as du flair, je suis sur le point de le re-relire... :)
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S
Bravo... Vive la méditation et la bienveillance... Je rajouterais une pincée d'accords Tolteque !
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Onceuponahappytime
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