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Onceuponahappytime
30 juillet 2015

De la féminité.

Parallèlement à mon English Books Challenge, mes lectures cet été sont clairement orientées féminisme, genre & normes sociales. (Oui, j'aime bien me plonger dans un domaine différent chaque été pour bosser et réfléchir.)

Il y  a une question qui m'intéresse depuis longtemps, mais plus particulièrement suite à toutes ces lectures et à ce que j'ai pu entendre, voir ou vivre ces derniers temps, c'est la définition de la féminité.

Pendant de nombreuses années, la féminité a été pour moi une chose essentielle, une composante indispensable de ma personnalité. Je voulais à tout prix être féminine, probablement par peur de ne pas l'être assez (par rapport à quelle norme? Je me le demande...) Ces derniers jours, j'en ai parlé autour de moi, j'ai interrogé quelques personnes quant à leur définition de la féminité et voici ce qui en est ressorti et ma réflexion à ce sujet. (C'est un billet sérieux, aujourd'hui, n'aie pas peur, ça va être bien quand même et promis je recommencerai à me rouler par terre en chantant libérééée délivréééée dès demain.)

Voici les principales caractéristiques qui ressortent lorsqu'on tente de définir ce qu'est une femme féminine:

- Respect d'un certain code vestimentaire + esthétique correspondant aux stéréotypes du genre: jupe ou robe, décolleté, talons, accessoires (bijoux, sacs, etc.), maquillage, coiffure. Volonté d'être apprêtée dans un but de plaire, de séduire. Une femme féminine se pomponne, sort rarement sans maquillage. Elle fait attention à elle. (et boit du Diet Coke parce que si elle prend 200g elle est au bout de sa vie.) PS: je lolle.

- Respect d'une certaine attitude en société: être discrète, polie, effacée (en retrait) ne pas rire trop fort, rester gracieuse, ne pas jurer comme un charretier (spécheule poke to myself), se tenir bien, être élégante. Sous contrôle.

Une femme féminine se définit aussi par rapport à son opposé: une femme "masculine".

La femme masculine s'est affranchie des codes vestimentaires genrés, s'habille avec ce qu'on qualifie souvent de "fringues de mecs". Elle est volontaire, parfois autoritaire, ambitieuse, sportive, a souvent les cheveux courts (je parle des généralités et des a-prioris, hein, je ne prétends pas détenir la vérité absolue...) c'est une femme qui ose, qui prend des initiatives, qui dirige, qui ne reste pas en retrait et qui prend sa place. Une femme dans l'action, la décision. Elle n'hésite pas à exercer ce qu'on qualifie de "métiers d'hommes".  

La tendance globale qui se dégage de ces quelques caractéristiques, c'est l'opposition passive/active, dominée/dominante. En gros, la féminité, c'est se conformer aux stéréotypes créés et imposés par une société de domination masculine. (et hétérocentrée, est-il nécessaire de le rappeler.)

Or, on constate avec ces quelques exemples à quel point tout cela agit comme un carcan. Va courir ou te défendre en cas d'agression avec une petite jupe serrée et des talons. Tout est fait pour empêcher la femme de prendre sa place. Rien que dans les transports en commun pour ne citer qu'eux, regarde comment s'assoit une femme et comment s'assoit un homme et demandons-nous lequel des deux considère que sa place lui est due...

La féminité se définit donc par opposition (à ce qui n'est pas féminin), sur un axe binaire féminin/masculin. Or on verra tout à l'heure que la vraie vie est bien plus subtile que de caser les gens (et les femmes en l'occurence) dans l'une ou l'autre de ces catégories, qu'elle se définit plutôt comme un axe ouvert entre masculinité et féminité sur lequel chacun et chacune peut se situer, sans frontière formellement définie.

Dans notre société terriblement sexiste (je te promets que si tu commences à y faire un peu attention tout va te sauter aux yeux de façon flagrante) tout est fait pour cantonner la femme dans son "rôle" d'objet du désir, et d'objet tout court. Tout est fait pour la maintenir dans cet état de jolie petite chose décorative inoffensive et à sa place (= à la maison avec ses gosses.)

Alors évidemment, une femme a le droit d'être une intello brillante. A condition d'être jolie (on va quand même pas fantasmer sur son cerveau, faut qu'il y ait quelque chose à regarder quand elle parle, quand même.) Evidemment une femme a le droit d'être une sportive de haut niveau. A condition qu'elle soit "sexy". (je déteste ce mot...) qu'elle reste féminine, jolie pendant l'effort. Il y a dans toutes les grandes compétitions des demandes insistantes pour que les athlètes femmes mettent du vernis à ongles, des trucs dans les cheveux pour montrer qu'elles restent des femmes malgré tout (malgré un truc qui n'est pas naturel pour leur genre= les performances sportives.)

Une femme à la carrure trop imposante (coucou Amélie) on va tout de suite la taxer de ne pas être une vraie femme, voire d'être un mec, ou pire, une lesbienne. 

La question que je me pose face à tout ça, c'est pourquoi une femme brillante, qui a du caractère et qui ose l'ouvrir et avoir de l'ambition provoque-t-elle autant de haine? En quoi est-elle une menace? Pour qui? Qui a-ton besoin de rassurer? Qu'est-ce qui est en danger? Que risque-t-on de perdre en accordant aux femmes le pouvoir qu'elles méritent? (et comme dit, l'égalité hommes/femmes sera atteinte le jour où il y aura des femmes incompétentes à des postes importants...mais je m'égare...)

L'autre question que je me pose est comment construire une estime de soi digne de ce nom en restant en retrait ou au second plan? en acceptant de se conformer à cette tyranie du physique? de n'être qu'une jolie petite chose fragile et décorative? en évitant/fuyant les prises de risques? 

Combien de temps encore les hommes (et les femmes) vont-ils continuer à cautionner cette position d'inférieures? Dans ma construction de femme (ça va, je peux me construire jusqu'à 70 ans si je veux ;) j'ai BESOIN de voir des femmes qui prennent le pouvoir, qui sortent du moule, qui s'affranchissent des stéréotypes et qui me donnent de l'espoir!

Dans ma jeunesse je ne comprenais pas les butchs, je trouvais ça si merveilleux d'être une femme, de me pomponner, d'être féminine, justement... Et plus ça va plus j'ai de la tendresse et de l'attirance pour ces femmes viriles, plus leur liberté, leur capacité à envoyer valser les normes et prendre le pouvoir (pas de singer ou imiter les hommes) me réjouit. 

C'est pour toutes ces raisons que pour moi, en 2015, le mot féminité est un mot qui renvoie à quelque chose de dépassé, de limitant, de sclérosant. Le mot féminité renvoie la femme à un statut qui est à mon sens dévalorisant. Une jolie petite chose mignonne et décorative, ça s'appelle un vase ou un bibelot, pas une femme.. On vaut mieux que ça.

Aujourd'hui je n'ai plus envie de me définir comme "féminine" parce que ce terme renvoie à une réalité que je n'ai plus envie de cautionner.  Aujourd'hui j'ai envie de me définir comme une femme épanouie, bien dans sa peau, une femme qui ne met pas de talons ni de jupe serrée parce que ça empêche de marcher ou de courir, une femme qui n'hésite pas à monter le ton et taper sur la table quand il faut, qui se maquille quand elle a envie d'avoir de jolis yeux, qui rit fort et qui ne se laisse pas impressionner par les hommes. Une femme qui prend des risques quite à se ramasser, qui considère que tout est possible (dans la limite des stocks disponibles) qui n'accepte aucune des limites imposées à son genre, qui dit fuck au matraquage médiatique no rides/no bide/no poils/no cheveux blancs. Je ne suis pas un objet de décoration fait pour recueillir des commentaires quant à mon apparence. Aujourd'hui, le plus important pour moi c'est d'être libre (et sauvage comme un poney enragé) Si je suis dans un carcan, quid de ma liberté?

Sur cette phrase de conclusion absolument sublime, je vais me refaire un thé.

Et bien sûr, j'attends vos avis là dessus. Love.

 

Question subsidiaire: quels sont les mots soulignés de ce texte? A ton avis, pourquoi? 

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Commentaires
V
Merci merci à toi aussi pour ta réaction! J'adore la façon dont vous appelez votre fille.... les petites filles d'aujourd'hui doivent être des guerrières pour affronter le monde, les princesses ça passe sa vie enfermée dans un donjon et ça se fait chier:)<br /> <br /> <br /> <br /> Pareil que toi pour l'humour salace et parfois ras les pâquerettes. Et comme toi je trouve ça révoltant qu'on soit en danger chaque fois qu'on va courir en short (genre il fait 35° pitètre je vais courir en burqa pour ne pas être une vilaine tentatrice avec mon corps de rêve??) alors que les mecs courent parfois torse nu et que personne vient les faire chier. D'ailleurs suite à une Xième agression de runneuse, je cherchais quoi emmener avec moi pour me défendre en cas de problème et on m'a parlé du cas d'une nana qui devait prendre les transports en commun tous les jours et qui se faisait emmerder tous les jours par des mecs qui se frottaient à elle, c'est l'aiguille. Une aiguille toute bête que tu tiens dans ta main et que tu plantes dans n'importe quelle partie du corps du mec qui te colle d'un peu trop près... Pour moi c'est moins risqué qu'une bombe lacrymo (que je me suis prise dans la figure les deux fois où j''en ai eu besoin dans ma vie... no comment ....)
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P
Euh pour les mots soulignés je ne vois pas à part dire merde à tout ça !!! ha ha<br /> <br /> <br /> <br /> oui comme j'ai dit sur FB, moi c'est cette façon qu'ont souvent les gens de me percevoir qui me gonfle...<br /> <br /> Moi j'avoue que j'aime les codes "classiques et tradi" de la féminité..le côté bohème et hippie, fleurs dans les cheveux. C'est comme ça. Abreuvée à Heidi et Candy, ça laisse des traces mdr !!!!<br /> <br /> Mon homme me disait encore l'autre jour qu'il ne comprenait pas pourquoi j'attirais à ce point les timbrés (d'où ma méfiance extrême quand je pars courir, parce que s'il y a un malade, il est pour moi !!!). ça me fout en boule...j'ai répondu à mon chéri (qui a hélas raison...et ne fait que constater ce que j'ai remarqué depuis longtemps) que j'en avais marre qu'une femme seule qui court en pleine nature soit "par définition" vulnérable. Comme si on était à disposition...enfin, c'est clair que je ne suis pas sereine quand je cours seule.<br /> <br /> et pour la blondeur bah oui...ça symbolise l'enfant, donc le truc pas agressif qui ne te dominera pas. Un mythe à la Marylin avec de préférence une voix fluette...et inoffensive. Le souci c'est que moi, j'ai souvent rendu dingues des mecs (copains de copines...) parce que je ne suis pas du genre à la boucler...parce que j'aime l'humour piquant, l'humour parfois gras et salace...que je n'ai pas peur de sortir une vanne bien pourrie, en me poilant de rire...et le tout en jupe et bottes siouplé (parce que j'aime, c'est mon côté cavalière, toutes ces années à manier une cravache je suppose!!!! ha ha ! ). Bref...ça les perturbe parce qu'ils pensent que je suis la copine de leur nana, que je suis un pot de fleurs, et que je n'aurais pas d'avis sur les choses...sauf que "mince ! non...et en plus elle maîtrise les sujets et elle aime avoir le dernier mot ???"<br /> <br /> Il y en a même un qui a montré sa supériorité intellectuelle un jour, et sa maîtrise de la situation en finissant par me traiter de connasse....et je passe les détails parce qu'on est ici dans un blog où parle bien hein !!!!)<br /> <br /> bref....ton article c'est pour moi le début d'une conversation sans fin....ha ha ! <br /> <br /> Quand j'étais petite mon père m'appelait "sa princesse"...Maintenant que j'y pense, nous notre puce "on lui dit "ma petite warrior"....c'est drôle non ???
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V
Merci pour ton commentaire! C'est exactement ça, le poids de l'éducation, des croyances, des normes... c'est ce poids-là que les magazines féminins devraient nous encourager à perdre... <br /> <br /> Garçon manqué/fille réussie, je suis tout à fait d'accord :)<br /> <br /> Bisous et bonnes vacances!
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S
Merci pour cet article sérieux et plein d'humour 😊<br /> <br /> La féminité... Au début de l'article j'ai eu un tout petit peu peur... Heureusement que je te connais ... Je suis rassurée grâce aux mots soulignés 😃<br /> <br /> La féminité j'ai toujours voulu m'en affranchir...cheveux courts, pantalon, pas de maquillage, affichant mes opinions etc...<br /> <br /> Et pourtant encore récemment j ai eu droit à "qu'est-ce que tu es féminine !!"<br /> <br /> Arrghhhh <br /> <br /> Nous ployons sous le poids de l'éducation et de l'hérédité... Difficile d'y échapper. C'est mon dernier sujet... En peinture, l'écriture je te la laisse tu fais ça mieux que moi.<br /> <br /> Garçon manqué = fille réussie <br /> <br /> Courage 🍎
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Onceuponahappytime
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