Mes bonnes idées pour 2016
Je préfère appeler ça bonnes idées plutôt que résolutions, parce que les résolutions que l'on prend en début d'année, on sait bien que ça vaut peanuts et que ça ne sert qu'à nous faire culpabiliser quand on n'y arrive pas, ce qui est le cas à 90%.
Parfois, quand j'ai du temps de cerveau disponible, je pense à la tonalité que j'aimerais donner à cette année qui commence (et à ma vie qui continue), à ce que j'ai mis en place ces derniers mois et que j'aimerais poursuivre et /ou améliorer.
Un des avantages de vieillir c'est qu'on se connaît quand même vachement bien, on a une connaissance intuitive des choses qui fonctionnent et nous font du bien tout comme de celles à éviter comme la peste, qui nous plombent et nous pompent notre énergie.
Si je devais résumer ce dont j'ai envie en un mot, ce serait le mot bienveillance.
Et principalement envers moi-même, puisque c'est là que tout commence. J'ai passé quasiment toute ma vie à être complexée et à me comparer aux autres. Pour tout. Pendant des siècles je me suis dit que je n'étais pas assez jolie, pas assez cultivée, pas assez intelligente, pas assez bonne dans plein de domaines. En réponse à chaque compliment ou parole gentille que je pouvais entendre, dans ma tête il y avait un "oui mais". Et ça, je le dois en partie à mon enfance, en partie au matraquage médiatique anti-femmes (cf l'article que j'ai partagé sur facebook par rapport à l'obsession de la minceur comme forme de domination) et en partie à un caractère perfectionniste dans certains domaines. J'ai passé ma vie à toujours me trouver trop ou pas assez.
Et puis ces derniers mois, à force de méditation, de réflexions et de discussions sur le féminisme ou les choses vraiment importantes dans ma vie, à force de de lectures, aussi, j'ai acquis un mélange d'indulgence, de douceur et de bienveillance envers moi-même. Quand on sait le temps que les femmes passent dans leur vie à être au régime, à complexer par rapport à leur physique (parce que c'est toujours ça qu'on met en avant aux dépens de leur caractère ou de leurs compétences), à ne pas s'aimer, à se dévaloriser, je me dis toujours mais que de temps perdu, bon dieu! Que de temps perdu à se détester plutôt que vivre sereinement... tout ça pour quoi, rentrer dans le moule? On sait très bien que les moules c'est pour les tartes...
J'ai commencé cette année à faire la paix avec moi-même à plusieurs niveaux et c'est une sensation vachement agréable. Comme de se poser enfin après avoir couru partout pendant longtemps.
Se dire ok, c'est moi, je suis comme ça, j'ai plein de qualités, je sais faire plein de trucs, ce que je fais je le fais parce que j'en ai envie et pas parce que j'ai des choses à prouver.
Ca a peut-être l'air d'être un détail mais le fait d'avoir lâché mon chrono quand je cours a eu des répercussions bien au-delà de mes séances de running. Je cours pour me sentir libre, pour être forte et résistante, en aucun cas pour brûler des calories ou battre un record. C'est un simple changement de perspective qui apporte une nouvelle dimension à ces moments-là. Finie la compétiton. Avec moi-même ET avec les autres. Je veux juste me rapprocher de celle que je suis vraiment. Être authentique et présente, le plus possible. Profiter de ma liberté. Sans jugement.
Arrêter de se juger est quelque chose de très difficile quand toute sa vie on a été conditionnée pour ça. Le jugement, la culpabilité, la honte (vive l'éducation catholique, heureusement j'ai dit merde à tout ça très jeune mais ça laisse quand même des séquelles...) tout ce qui nous pousse à toujours nous évaluer, nous comparer aux autres pour au final une dépréciation quasi permanente. Ca va, il y a toujours mieux ailleurs, on le sait. Y'a toujours pire, aussi...
Aujourd'hui je suis capable de me dire que je suis quelqu'un de super. Ok j'ai un caractère particulier et je suis une sauvage qui préfèrera toujours être seule le nez dans un bouquin que de fréquenter des gens, ok aux yeux de certaines personnes je suis un ovni totalement incompréhensible mais où est le problème? Je suis super heureuse de ne pas être dans la norme, j'en ai assez chié dans ma jeunesse, il est temps que j'en profite un peu maintenant :)
Aujourd'hui je veux être douce avec moi. Je pense avoir réussi à me débarrasser d'une grande partie des pensées parasites et des jugements entendus pendant mon enfance. Ces jugements blessants qui restent planqués dans un coin de ta tête et qui ressortent au moindre échec, au moindre doute. Si jamais il arrive qu'une telle voix se fasse parfois entendre, je sais aujourd'hui l'identifer comme ce qu'ELLE est et pas comme ce que JE suis aujourd'hui. Mettre les mots justes sur les choses aide toujours énormément à prendre du recul.
Aujourd'hui je suis douce avec mon corps. Je ne le juge plus. Je ne lui fais plus la guerre si je prends 2 kgs. Je ne peux décemment pas passer mon temps à dire que j'aime les femmes rondes si moi même j'hyperventile dès que je prends du bide (hors de question d'arrêter les chips à l'apéro, anyway....) Aujourd'hui j'aime mes cheveux blancs, j'aime mes rides, parce que c'est moi, parce que mon visage est toujours en mouvement, parce que les deux sont des preuves que j'ai vécu, pleuré, ri, fait des grimaces...
Le plus joli cadeau qu'on puisse se faire (et faire aux autres puisque les répercussions sont immédiates) c'est faire la paix avec soi-même. Se réconforter, se consoler quand on en a besoin, s'encourager, être son premier fan. Si vous ne vous aimez pas personne ne le fera à votre place. Quand on comprend ça on a déjà fait une bonne partie du chemin. J'ai eu longtemps l'habitude de me faire un bisou sur l'épaule pour déconner. Ben faites vous des bisous sur l'épaule et sur les bras (ou ailleurs si vous avez reçu la souplesse infinie). Enlacez-vous deux minutes quand vous en avez besoin, c'est vachement agréable. Si je suis douce avec moi, je suis aussi plus douce avec ma chérie, avec mes amis, avec les nains au boulot. Les bouddhistes disent "what you think you become".
Alors pour mettre en pratique cette bienveillance vis à vis de soi-même, on peut essayer de faire attention à cette petite voix qui va nous souffler que notre coupe de cheveux est ratée et qu'on est moche (spéciale dédicace à moi-même, mais objectivement c'est vrai, elle est vraiment ratée), qui nous dit "putain qu'est-ce que t'es con" dès qu'on foire un truc, ou "pas flatteur, ce jean", tous ces petits trucs blessants qui à force d'être accumulés, réduisent notre confiance. Et à la place, pratiquer la win attitude, la valorisation de nos qualités ou nos actes. Mercredi par exemple, j'avais vraiment mais vraiment pas envie d'aller courir dans le froid en sortant du boulot alors qu'en plus je crevais de faim, j'y suis allée quand même parce que j'ai assez chouiné de ne pas pouvoir courir quand j'étais malade pendant les vacances, résultat, après je me suis félicitée et offert un après-midi 100% lecture/thé et c'était un de mes meilleurs mercredis aprèms depuis longtemps.
On peut aussi faire une liste par écrit de tous les trucs qu'on aime chez nous. Par exemple:
- Je suis courageuse
- Je suis créative
- Je suis drôle
- Je suis une chaudasse
- J'ai de la volonté
- J'ai l'esprit de répartie
- J'ai des fesses musclées, un cerveau surpuissant, etc etc.
(T'es pas obligée de recopier, hein, c'est ma liste). On peut écrire ça sur des petits papiers, les mettre dans un bocal ou une boîte et au premier coup de cafard hashtag je suis nulle, hop, on sort un papier et les petits chatons en tutus pailletés reviennent.
Voilà, en gros, mes très bonnes idées pour 2016. Douceur et bienveillance. Et maintenant c'est l'heure que je va prendre ma douche et après ce sera l'apéro. Un petit verre de vin rouge le soir ça donne la santé fantastique. Je t'embrasse. Et je m'embrasse aussi.
Love.
(Et bien sûr tu peux réagir!)
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