La pédagogie de la déconne.

11 octobre 2018

A la base, un de mes plus grands kifs avec les nains c'est de faire l'andouille. Amuser la galerie et faire le show. Parce que ça fait partie de ma personnalité, que j'ai besoin de ça pour mon équilibre, et que je suis comme ça hors du boulot. Avec mon amoureuse je passe la plus grande partie de mon temps à faire pareil et j'avoue que pour l'instant ça marche plutôt pas mal vus nos innombrables fous-rires.. Quand j'en discute avec d'autres gens qui ne sont pas forcément comme ça, je dis toujours que si en maternelle ils ne se marrent pas un peu en classe je ne sais pas quand ils vont le faire... Après ça ne s'impose pas, hein, dans ma vie pro j'ai été entourée de nénettes qui se comportaient avec leurs nains de 5 ans avec autant de fantaisie et de second degré que si elles avaient enseigné en maths spé. Et même là je suis sûre qu'il y a moyen d'injecter un peu de fun... Bref, faire l'andouille en classe, c'est vraiment un besoin naturel chez moi, et je l'ai toujours fait, même ces dernières années quand j'avais des classes difficiles. On sait très bien que l'autorité avec des petits n'a rien à voir avec la capacité de se péter les cordes vocales en hurlant (et ça aussi, j'ai connu, d'ailleurs quand les miens devenaient vraiment trop chiants je menaçais de les envoyer chez mes voisines hurleuses, ça les calmait direct. C'est moyennement sympa pour les collègues en question mais mes oreilles n'aiment pas être maltraitées.)

Cette année j'ai la chance d'avoir des nains qui sont non seulement intelligents mais aussi pleins d'humour et de second degré (oui, à 4 ans!). J'ai la chance aussi de bosser avec une atsem qui aime autant se déguiser que moi et avec qui j'ai déjà bossé dans ma vie antérieure dans cette école. Quelqu'un qui me suit à la seconde dans mes délires, quelqu'un qui peut comme moi raconter des bobards énormes avec un tel sérieux que les nains ont toujours un temps mort avant de comprendre que c'est de la vanne. En début d'année j'attends toujours un peu avant de sortir les accessoires, les chorégraphies et les accents étrangers. Histoire de les avoir bien en mains et d'être sûre que ça va pas finir en live complet. Donc là je l'ai jouée instit normale pendant en gros 3 semaines (ils comprennent TRES vite dans cette école, quel bonheur...) et depuis je me lâche. J'enchaîne les situations les plus farfelues, je les ai déjà accueillis au bas de l'escalier déguisée avec une perruque-bigoudis, un tablier et une incisive noircie (y'en a qui m'ont pas reconnue et qui ont flippé ;) j'ai déjà dansé en classe avec la radio à fond, j'ai parlé comme Sophie Pétoncule (si tu as connu les Robins des Bois sur Canal tu peux me faire coucou avec ta main) en faisant semblant que ma classe c'était ma maison (c'est compliqué à expliquer mais ils étaient morts de rire quand je me suis couchée par terre pour faire dodo avec mon doudou) et hier on a opéré Pschitt (à la base je devais recoudre un trou à sa gorge mais ça s'est fini en chirurgie globale et délirante de toute sa personne avec à peu près une dizaine de nains autour de moi qui tenaient la perf/vérifiaient le pouls/me faisaient des injections de cortisone dans le bras pendant que j'opérais avec masque et gants ( c'était à mourir de rire, c'est mon petit indien anglophone qui avec mon tube de colle UHU en guise de piqûre répétait CORTISO CORTISO chaque fois que je lui disais "Reyansh, quick, an injection"!!) Et pendant ce temps mon atsem avait trouvé sur son téléphone la bande son d'un monitoring cardiaque et un autre gnome devait l'écouter attentivement et me prévenir en cas d'accélération ou de ralentissement... Ils étaient A FOND et on a vraiment beaucoup rigolé et surtout je me suis éclatée à caser en un minimum de temps tout le vocabulaire médical que je connaissais (j'ai fait des progrès ces dernières années ;) et les petits répétaient tout c'était vraiment très très fun. Bref, on s'est fait une grosse matinée d'effervescence au bloc et Pschitt a fini en salle de réveil. (Et moi j'avais chaud à cause de la responsabilité d'avoir la vie de Pschitt entre mes mains. Surtout au moment de la coloscopie c'était tendu.)

C'est vraiment un bonheur de les voir kiffer ces moments. Tout comme c'est un bonheur quand ils commencent à comprendre le second degré et qu'en plus ils rentrent dedans. J'ai beaucoup de chéris chez les garçons et il y en a un l'autre jour qui me regardait de loin sans bouger avec la bouche ouverte pendant que je m'occupais de 3 autres nains. Et je lui ai dit "Federico, je vois que tu es hypnotisé par ma beauté?" il m'a répondu avec un petit hochement de tête l'air mystérieux. Et TOUS, quand je les appelle ou que je veux leur dire un truc, je leur dis "viens chez maman" en ouvrant les bras. Et tous ils viennent :) Et quand je bois mon thé le matin à table avec eux, je leur demande "on se fait un petit apéro?" et ils sont toujours d'accord. A côté de ça je les fais méditer plusieurs fois par jour (et je médite avec eux) on bosse à fond sur les abeilles, et ils savent déjà plein de trucs sur le fonctionnement du cerveau. Mais en même temps c'est la fête au village.

Bref, voilà, des fois ils sont chiants (le jeudi reste le jour le plus difficile de la semaine, quand tout le monde commence à en avoir ras le bol) mais qu'est-ce que je me marre cette année! Et même quand ils me fatiguent je relativise et vraiment je les trouve choux.

Depuis la rentrée, on bosse sur les émotions. On a fait la joie, la tristesse et là on bosse sur la colère, donc pour faire la légende d'une peinture avec la photo de leur visage en mode véner, je leur ai demandé ce qui les mettait en colère. Et j'en ai une qui m'a répondu "quand j'ai le nez à sec".

J'ai ri, mais à un point...